La musique a de nombreux effets sur le cerveau. En plus de stimuler des fonctions cognitives comme la mémoire, elle peut être utilisée dans le traitement de maladies neuropsychologiques.
« La musique a un pouvoir de guérison. Elle a la capacité de sortir les gens d’eux-mêmes pendant quelques heures », disait Elton John. Et la science le confirme : la musique peut avoir des effets cognitifs et thérapeutiques sur la santé mentale.
Feed my brain
« La musique agit de manière multiple sur le cerveau », explique Hervé Platel, directeur du laboratoire Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine à l’université de Caen-Normandie qui mène des recherches sur les effets cognitifs de l’art et de la musique. « Nous avons observé par imagerie cérébrale que jouer de la musique, ainsi que l’écouter attentivement, augmente l’épaisseur corticale et la quantité de substance blanche, c’est-à-dire les connexions entre les neurones », poursuit le chercheur.
La musique a des effets dans des zones du cerveau distinctes, notamment grâce à ses différents aspects comme le rythme, la mélodie ou le timbre des instruments. Les régions cérébrales vont se modifier, en particulier la région auditive, mais aussi la région motrice avec la pratique d’un instrument. Par ailleurs, l’apprentissage du solfège stimule la capacité de représentation visuo-spatiale, car la lecture d’une partition est à la fois horizontale et verticale.
La pratique et l’écoute attentive de musique stimulent aussi la mémoire générale de manière significative. « Comme la musique fait travailler de larges régions du cerveau très diffuses, la mémoire qui y est associée est très résistante, notre cerveau va automatiquement chercher à savoir si ce qu’on entend ressemble à une musique qui nous est familière, nous rappelle des événements personnels et de quels types d’émotions ils sont chargés », souligne Hervé Platel.
Chez l’enfant, il a été observé qu’écouter de la musique stimule un ensemble de mécanismes cognitifs utiles pour l’apprentissage scolaire. Mais il n’est pas nécessaire d’être jeune pour bénéficier des effets positifs tout au long de la vie : ils sont observés chez tout le monde, et sont liés au nombre d’années de pratique. Contrairement à certaines idées reçues, se mettre à jouer d’un instrument sur le tard a donc un intérêt !
« Chez l’enfant, il a été observé qu’écouter de la musique stimule un ensemble de mécanismes utiles pour l’apprentissage scolaire. »
I feel good
La musique procure des émotions variées et certaines formes ont un effet relaxant très efficace. « Quelles que soient les cultures, des berceuses sont chantées par les parents aux enfants, car elles sont une manière de faire ressentir le calme et la sérénité », illustre le chercheur.
Les musiques calmes ont des effets significatifs dans la réduction du stress, de l’anxiété ou de la dépression et il a été observé qu’elle pouvait avoir des effets positifs sur la respiration et le système cardiovasculaire. La musique accélère même le rétablissement postopératoire en diminuant les douleurs associées, selon une revue de littérature parue dans l’American College of surgeons en octobre 2024.
A little bit of therapy
Les personnes souffrant de maladies neurologiques peuvent bénéficier de la musicothérapie par l’écoute ou la pratique musicale. Pour ceux atteints d’une maladie neurodégénérative comme Alzheimer, des chansons qui ont des résonnances particulières avec leur vie peuvent leur permettre de réveiller certains souvenirs. Et ainsi rétablir une communication avec ces souvenirs. La prise en charge de ces patients intègre de plus en plus de musicothérapie.
La musique a également montré un intérêt dans la prise en charge de certains troubles psychiatriques, en améliorant par exemple les capacités d’empathie et de lien social chez les personnes présentant des troubles du spectre autistique. Ou encore, en aidant les patients atteints de schizophrénie ou de bipolarité à mieux contrôler leurs émotions ou leur capacité de planification.
« De plus en plus de prises en charge de ces patients intègrent l’écoute ou la pratique musicale, même s’il reste des protocoles plus systématiques et des formations plus spécifiques à développer », pointe Hervé Platel. Des travaux ont aussi montré l’effet du support musical dans la rééducation après un AVC ou dans le traitement des troubles de stress post-traumatiques.
« En définitive, la musique a des propriétés multiples et elle va pouvoir être utilisée comme support ou comme levier à des interventions cliniques », conclut Hervé Platel. •
Music care : une application musicale pour la santé mentale
Music care est une application digitale qui permet de réduire le stress, les troubles du sommeil et de mieux gérer la douleur par l’écoute musicale personnalisée. Elle est utilisée par de nombreux hôpitaux, à Paris ou à Montpellier par exemple, et peut être recommandée par des médecins généralistes comme traitement non médicamenteux complémentaire.
Par Antonin Counillon





